Plug-in Berlin. 2001-2003
La ville, par ses transformations, destructions et abandons, offre à Etienne Boulanger un cadre mouvant d’expérimentation artistique. Son travail ne se situe pas dans une logique de représentation ou de production d’objets ; il s’agit avant tout d’un positionnement critique vis-à-vis de notre environnement urbain. Les espaces sans statut ni fonction qu’il localise, investit et s’approprie, deviennent support à des interventions parasites ne modifiant que très légèrement l’architecture. Ce sont des abris précaires permettant à l’artiste de passer la nuit, des cloisons réduisant la circulation à l’intérieur d’un lieu, des obstructions totales ou partielles de bâtiments abandonnés… Leur destruction prévisible oblige l’artiste à une mise en mémoire méthodique de toutes les phases qui composent le travail. Ce sont ces vidéos, photographies, plans, cartes interactives et écrits qui sont ensuite installés dans l’espace d’exposition, pour constituer une interface visible entre les interventions réalisées sur le site et le public.
Le travail mené de 2001 à 2003 à Berlin se revendique avant tout comme une expérience nomade en milieu urbain. Les “micro espaces”, restés vacants après la rénovation quasi-totale de Berlin, deviennent alors des lieux potentiellement investissables et habitables. Des constructions - interventions toujours précaires - y sont réalisées sans plans et le plus rapidement possible ; elles ne modifient presque pas leur environnement direct et utilisent l’architecture comme support. La courte durée de vie de ces abris impose une mobilité, un mouvement constant à travers la ville, générant ainsi un éclatement et une distorsion du cadre de vie conventionnel.
Plug-in Berlin présente l’intégralité du travail réalisé à Berlin entre 2001 et 2003. Les vidéos, plans interactifs et séries diapositives extraites des interventions in situ qu’il à menées dans cette ville sont organisées en base de donnée dans un espace d’archivage. Ce dispositif s’adapte à la scénographie de l’exposition. Il place le spectateur au coeur même de l’expérience de l’artiste tout en l’invitant à interroger le travail dans sa globalité.